Dans chaque publication de l’infolettre du RDR, nous allons souligner le travail de l’un de nos 18 organismes membres. Pour cette première édition de notre série « Lumière sur nos membres », Sharleen Sullivan, la directrice générale du Neighbours Regional Association of Rouyn-Noranda, a pris le temps de répondre à nos questions sur l’organisme et sur son travail au sein de celui-ci.
Cela fait combien de temps que vous travaillez à l’association Neighbours ?
Je suis avec Neighbours depuis son incorporation en 2004. Avant cela, la communauté d’expression anglaise de Rouyn-Noranda et de Val d’Or faisait partie d’Alliance Québec, pour laquelle j’ai aussi travaillé. En tout, je dirais que cela fait près de 40 ans que je travaille avec les Québécois d’expression anglaise en Abitibi-Témiscamingue—10 ans en tant que bénévole et 30 ans en tant qu’employée.
Quand l’association Neighbours a-t-elle été fondée ?
La communauté d’expression anglaise de Rouyn-Noranda a commencé à discuter de la potentielle formation d’un groupe indépendant d’Alliance Québec en 2002, et nous nous sommes incorporés en tant que Neighbours en 2004. Nous avons reçu notre première subvention indépendante de Patrimoine Canada la même année. La quantité de membres de l’association Neighbours a ensuite triplé en un an !
Sur quels services votre organisme se concentre-t-il ?
En tant qu’organisme régional, il est impossible pour nous de nous concentrer sur un seul service. Nous sommes un seul organisme qui offre une panoplie de services à tous les Québécois non-francophones dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, peu importe le problème, le sujet, ou la situation ! Nous adaptons nos priorités annuellement en nous basant sur des données et des consultations, mais notre orientation doit rester large afin de pouvoir offrir des services à tous.
Quelle a été votre expérience la plus mémorable à Neighbours ?
Toutes les fois où l’on peut voir l’impact de nos efforts dans le visage des gens de notre communauté deviennent de bons souvenirs. Toutefois, certains moments forts sont restés avec moi et ont grandement touché les employés qui travaillaient pour Neighbours à l’époque : par exemple, la fois où nous avons reconnecté un citoyen français (un homme plus âgé) avec sa sœur qui avait déménagé aux États-Unis. Cela faisait un an qu’il n’avait pas eu de ses nouvelles. Nous avons découvert qu’elle avait fait un AVC qui avait affecté sa capacité à parler et qu’elle avait été placée dans un centre. Ses enfants ne parlaient pas le français, alors ils ne savaient pas comment informer leur oncle (qu’ils n’avaient jamais vraiment connu) de cette nouvelle. Nous avons reconnecté les deux familles un 22 décembre ! Quel cadeau de Noël.
D’autres moments agréables sont ceux où l’on reçoit un petit extra sur notre paie en forme de câlins et de biscuits venant d’un membre de la communauté que nous avons aidé dans une situation stressante. Le soulagement que nous voyons sur leur visage n’a pas de prix.
Un dernier souvenir qui, je l’espère, restera dans l’héritage de Neighbours est la création de notre murale From There to Here.
Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus dans votre travail ?
Je suis en quelque sorte une mordue de la politique, alors la défense de notre droit d’accéder à des services me fait vibrer. Toutefois, la meilleure récompense est de voir notre communauté s’épanouir et rester active ! Nous faisons beaucoup de travail dans les coulisses, mais les résultats se présentent dans la communauté.
Quel est votre plus grand défi ?
Nos chiffres de population nous placent sous le seuil nécessaire pour obtenir plusieurs services. Cela nous rend vulnérables, car nous devons dépendre de la « bonne volonté » de la population majoritaire de bien vouloir offrir des services en anglais. Parfois, ceci fonctionne en notre faveur en nous permettant de développer plusieurs partenariats avec différents organismes et institutions. Cependant, cela nous laisse aussi souvent sans services.
Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ?
De l’ancienne directrice générale du MCDC, Suzanne Aubre : « Écoutez votre communauté : n’acceptez que des subventions qui aideront cette communauté, et non le donateur ! » De ma propre mère, Elsie Sullivan : « Si tu n’as rien de bon à dire, ne dit rien du tout ! »
Comment conciliez-vous travail et vie personnelle ?
En fait, cela est impossible dans les petites communautés. Je suis Sharleen de Neighbours 24 heures sur 24, sept jours sur sept. C’est la même chose pour tous les employés de Neighbours. L’astuce que je pourrais donner est de savoir quoi ramener à la maison et quoi laisser au travail. Nous sommes tous des humains qui traitent avec d’autres humains. Il n’existe pas vraiment de moyen d’interrompre notre lien émotionnel à la communauté au terme d’une journée de travail ! Peut-être que c’est pour cela que les gens venant de régions ou travaillant dans des OBNL voyagent autant. Le voyage doit être le seul temps que nous avons pour décrocher !
Avez-vous des astuces préférées que vous aimeriez partager ?
Construisez la meilleure équipe autour de vous ! Nourrissez et entretenez cette équipe, offrez-lui des opportunités, et mettez en valeur ses contributions ! La deuxième meilleure astuce m’a été donnée par un homme très sage, M. Hugh Maynard : « Attention : c’est toujours amusant d’engager de la famille comme personnel, mais jamais agréable de les virer ! »
Quel est votre repas préféré ?
Tout plat contenant du fromage constitue mon point faible, mais mon repas préféré est celui que l’on partage avec de bons amis !
Que lisez-vous actuellement ?
Mon petit secret : j’adore Jamie. Donc j’en suis au neuvième livre de la série Outlander : Go Tell the Bees That I Am Gone de Diana Gabaldon ! Bien sûr, je lis actuellement aussi le dernier rapport du commissaire aux langues officielles !
Quelle est la chose la plus surprenante sur Neighbours ?
Notre gouvernance est assez différente de celle d’autres organismes régionaux. Notre conseil d’administration est très impliqué sur le terrain; nous avons des bénévoles actifs qui travaillent aux côtés du personnel de Neighbours en tant que conseillers, ou simplement pour donner un coup de main. Ceci est une belle manière pour nous de rester ancrés dans notre communauté locale !
Même si nous représentons tous les Québécois d’expression anglaise en Abitibi-Témiscamingue (plus de 5000), nous avons un système d’adhésion payant pour Rouyn-Noranda qui représente 35 % de la population d’expression anglaise. Je crois que plusieurs politiciens aimeraient bien avoir ce taux d’approbation !
Qu’est-ce que vous aimeriez que l’on sache sur votre communauté ?
J’aimerais que l’on reconnaisse notre ouverture et notre diversité. Rouyn-Noranda et d’autres villes en Abitibi-Témiscamingue sont des villes de type urbain dans une région rurale. Cela nous offre une réalité singulière et des expériences très variées !
Quelle est votre activité préférée à faire dans votre région ?
Juste une ? Je ne peux pas me limiter à une seule activité, alors je vais dire toute activité extérieure, toute activité culturelle, et, bien sûr, l’excellent hockey avec deux équipes de la Ligue Junior majeur !
Que recommandez-vous aux gens qui viennent visiter votre région ?
Cela dépend de vos intérêts. Le slogan de Rouyn-Noranda est « Douce rebelle ». Cela décrit bien notre région. De notre propre orchestre symphonique au Festival de musique émergente, de la gastronomie à la tyrolienne, de la pêche aux beaux centres commerciaux, d’Osisko en lumière au Rodéo du camion, nous avons presque tout ! C’est très diversifié, alors tout le monde peut y trouver son compte.
Comment décririez-vous l’association Neighbours en cinq mots ?
Connectée, représentative, accueillante, sympa et collaborative.
Pourquoi trouvez-vous qu’il est important d’être membre du RDR ?
Les communautés, organismes et associations en région ont besoin d’une voix régionale. Nous avons vécu dans l’ombre des grands centres à grande population pendant trop longtemps. Un autre homme sage, William Floch, m’a déjà dit : « Parfois, plus la communauté est petite, plus ses problèmes sont grands. » Neighbours croit réellement que notre voix sera entendue et respectée à travers le RDR. Avec le RDR qui travaille en notre nom, nous aurons accès à davantage d’informations, de services et de programmes. Je suis personnellement très fière que Neighbours en soit membre fondateur et j’espère que le RDR aura une longue et fructueuse vie !